Le travail éditorial de la maison d’édition Le port a jauni est à part. Toujours à l’endroit de la poésie, devant une fenêtre ouverte sur le monde et sur les autres. Le jury de la foire de Bologne ne s’y est pas trompé, lui qui a salué les qualités singulières de la collection Poèmes en lui décernant une mention spéciale dans la catégorie Poésie. Le port a jauni, pour ce printemps, nous a livré un nouveau cahier. Poème sucré de mon enfance raconte Assam, enfant berger du Soudan, qui a fui la guerre et appris une nouvelle langue.

« C’est un poème sucré, l’histoire d’un enfant berger, de chèvres espiègles et de moutons, un village aujourd’hui rasé, un passé disparu. C’est le poème d’un homme qui réapprend à parler, dans une langue nouvelle.»
L’homme, qui gardait dix-sept chèvres et moutons, c’est Assam Mohamed. Originaire du Darfour, à l’ouest du Soudan, il se réfugie en France. Mû par le désir profond d’apprendre, il découvre le français aux côtés notamment d’Elsa Valentin. L’autrice (Chaprouchka, Ganilella petite poule rossa, Bou et les 3 Zours…) a une véritable passion pour les langues. Grâce à ses échanges avec Assam, Elsa Valentin peut commencer une collection de mots arabes. Au fil de leurs conversations, l’histoire d’Assam finit par se dessiner. Elle aura la silhouette d’un poème, la saveur de l’enfance et le visage du chemin de l’exil. Le texte, composé à quatre mains et deux voix, est bilingue, selon l’usage du Port a jauni. Il a été traduit en arabe par Golan Haji. L’illustrateur belge Frédéric Hainaut semble quant à lui avoir donné à ses pastels une liberté totale pour agir et déposer des traces, celles de premiers pas malhabiles mais courageux, habités par une force inouïe.
C’est très beau, c’est de la poésie, mais c’est aussi le monde et la rencontre des cultures, et cela se partage avec des enfants.

