A vif, le texte puissant et engagé de Kery James, chez Actes Sud

a-vif.jpgIl y a un mois, au TNB, le rappeur-auteur-danseur Kery James présentait la pièce de théâtre A vif, dont il est à la fois l’auteur et un des deux interprètes. Ceux qui ont vu la pièce ont emporté avec eux la puissance politique du texte, ceux qui ne l’ont pas vue peuvent se le procurer chez Actes Sud. Se le procurer, le lire, le relire, le diffuser dans les classes de lycée, l’interroger, le démêler et, en tant que citoyen, en peser chaque mot, chaque idée…

 

« L’état est-il seul responsable de la situation actuelle des banlieues ? » Finale du Concours d’éloquence. Une question. Deux élèves du barreau de Paris s’affrontent : Soulaymann Traoré et Yann Jareaudière. Deux personnalités, deux origines sociales, deux parcours, deux histoires françaises, pétries de préjugés, de fantasmes, de certitudes mais aussi d’intelligence, d’une volonté farouche de ne pas se contenter du strict minimum, mais au contraire de faire évoluer leur regard.

 

JOUTE

Futurs avocats, ils débattent et argumentent. La joute, parfois sans concession, a vocation à montrer les nuances, à éprouver les idées toutes faites, à en déjouer les pièges. Lorsque Yann évoque l’incapacité du citoyen à influer sur le cours des choses, Soulaymann rétorque : « Je ne suis pas spectateur de ma vie car j’en suis le sujet ». Au fil de la confrontation, des nuances apparaissent, rappelant la complexité des choses et la nécessité de la conscience individuelle qui déclenche l’action collective.

 

RESPONSABILITÉ

Kery James questionne bien au-delà du sujet des banlieues, il ouvre le débat autour de la responsabilité de l’État et celle des citoyens. Soulaymann, son personnage, n’est pas forcément celui qui a raison. Il apporte, au même titre que Yann, du grain à moudre. À vif incarne la politique au sens large du vivre ensemble où les problématiques et les conflits peuvent se dénouer à la faveur des mots et de la connaissance. Un texte engagé et puissant, à l’instar du rap de « Racailles » ou « Lettre à la république » :

« Je veux faire de À vif une pièce dont on ne ressort pas indemne, une pièce qui marque, bouleverse parfois et peut-être même change les choses. Peut-être même une seule. Une pièce importante, sociale, nécessairement politique mais pas politicienne. En d’autres termes, une pièce qui participe à la vie de la cité. Ce sont là les objectifs que je me suis fixés tout au long de ma carrière musicale et je ne saurais faire autrement dans le théâtre, la peinture ou le cinéma. »

 

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