» Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le petit chaperon rouge.
Un jour sa mère ayant cuit et fait des galettes, lui dit :
– va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade, porte-lui une galette et ce petit pot de beurre.
Le petit chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre village… »
L’homme rejete le classicisme issu de la littérature antique. On ne s’en souvient pas, mais Charles Perrault fut notoirement à l’origine de la Querelle des Anciens et des Modernes. Nous sommes au 17ème siècle et l’écrivain met le feu aux poudres, tel un guérillero. Il mène combat, y compris à travers ses Contes, en dépit des apparences. Issus de la tradition orale, les Contes sont essentiellement transmis par les femmes, le soir à la veillée. Pour les transcrire, Charles Perrault choisit la prose. Boileau se crispe, les esprits s’échauffent. C’est dans cette ambiance remuante que l’écrivain transforme les récits populaires. Il les adapte à la société de l’époque, joue avec les dialogues, déevloppe un sens de la formule, censure les passages les plus choquants des récits d’origine (on dit que le Petit Chaperon rouge des versions orales dévorait la chair de sa mère-grand et s’abreuvait de son sang !).
Les Contes de la Mère l’Oye sont un recueil de huit contes, parmi lesquels Le Petit Chaperon Rouge. Le Petit Chaperon Rouge, source inépuisable d’inspirations, d’influences et d’interprétation. Une mine chargée de pépites, à tel point que la grande vitrine, pourtant bien nommée, a failli être trop petite. La preuve par les faits que Charles Perrault est un authentique Moderne…