David Macaulay est un écrivain-illustrateur multidimensionnel. Un génie illuminé dont les éditions du Genévier viennent de traduire Noir et Blanc, publié en 1990 aux Etats-Unis. L’album est à la fois déroutant et captivant. Noir et Blanc, une histoire quadrifoliée ? Quatre histoires unifoliées ? A notre gré.
Noir et Blanc, David Macaulay – Editions du Genévrier – Collection Caldecott – Prix 17€
Un étrange voyage. De drôles de parents. Une longue attente. Une vraie pagaille. Ainsi commence Noir et Blanc. Avec une double page polyphonique, posant quatre décors d’histoires, simultanément, sans lien ni visuellement ni en substance. Le fil se déroule, livrant des bizarreries dont on ne saurait dire si elles sont cohérentes ou pas. Là n’est pas le problème. L’enfant, dans le wagon bloqué sur les rails, regarde une neige de confettis tomber. Les drôles de parents rentrent du travail, dans des costumes de papier journal. Sur le quai de la gare, le train n’arrive pas, on improvise un festival de chant choral. Dans le champ, les vaches Holstein ont pris la poudre d’escampette…
» Dans Noir et Blanc (…) le sujet est le livre. Il est conçu pour être regardé dans son intégralité, avec des surfaces pour « lire un peu partout ». C’est un livre de connexions et sur les connexions entre les images, sur les connexions entre les mots et les images « . Avec un cadeau en prime, la liberté laissée au lecteur d’interpréter et de composer.
Malgré les apparences, Noir et Blanc est typiquement un album estampillé Macaulay. L’anglo-américain affectionne les contre-pied, en choisissant des angles inhabituels. Regarder autrement, c’est au fond offrir à voir des perspectives inexplorées. Voir, oui, mais regarder en pensant à ce que nous voyons. On le devine, l’homme n’a pas franchement de sympathie pour la télévision, vaguement responsable de notre curiosité sclérosée…
S’il a une attirance pour la construction, David Macaulay aime surtout la déconstruction. Partir de la fin pour revenir au début. La méthode n’est pas académique, mais, on l’aura compris, David Macaulay est tout sauf académique. C’est un démystificateur, un décortiqueur, un chercheur de sens et de bon sens, un spéléologue du comment ça marche. Et un partisan de la curiosité comme élément de compréhension et de sensibilité à notre monde complexe.
David Macaulay explore. Passionné d’architecture, il fait mouche avec d’incroyables albums documentaires : Naissance d’une cathédrale, Naissance d’une mosquée, La Déconstruction ou la Mort d’un gratte-ciel, Naissance d’une cité romaine… Chaque ouvrage est une odyssée au coeur d’une architecture parfois sophistiquée. Pour mieux le comprendre, il faut l’écouter raconter son travail pour Naissance d’une Cité Romaine. L’homme est malin comme un singe et ne laisse aucun doute sur sa vision ingénieuse et brillante.
> Noir et Blanc est édité par les éditions du Genévier, dans la Collection Coldecott. L’album de David Macaulay a reçu la médaille Caldecott en 1991. Chaque année depuis 1938, ce prix d’excellence récompense un album pour enfants, reconnu pour ses qualités de récit et d’illustration.