Petits éblouissements d’automne – Maurice Sendak, Benoit Broyart, Delphine Perret, Ramona Badescu

  • Post published:10 octobre 2016
  • Post category:Albums / LIVRES

En septembre, quand les romans ont fait leur rentrée, la littérature jeunesse leur emboite le pas. Avec les premières feuilles d’automne, les nouveaux livres pour enfants, fraichement imprimés, se ramassent à la pelle. A La Courte Échelle, sous les toits, l’antre de la sorcière se transforme alors en une sorte de mini-Manhattan, où les cartons forment des buildings éphémères. Quand nous les ouvrons, nous savons déjà que des pépites nous y attendent sagement, disposées à procurer des éblouissements dès leur couverture… Première récolte, avec 5 albums à découvrir sans tarder.

 

björn, les fourmis rouges, delphine perret

Couverture citron et pages bleu clair mers du Sud, Björn, Six histoires d’ours est un délice de tendresse et d’humour.  » Souvent, l’ours Björn ne fait rien. Mais il ne s’ennuie jamais ». Ce qui ne l’empêche d’avoir des aventures dont il est fait récit ici. Six petites nouvelles se succèdent, mettant en scène des personnages de la forêt, mais pas uniquement. « Ramona. La seule qui n’habite pas dans la forêt. Elle va à l’école. Et ça lui prend toute la semaine. » La délicatesse des textes n’a d’égal que la finesse du trait des dessins. Quand Delphine Perret est à la fois narratrice et illustratrice, c’est bon comme un crumble aux pommes encore un peu chaud.

 

derriere la brume, ramona badescu

Derrière la brume ou ce qui peut arriver à une fourmi victime d’une panne de réveil… Avec ce nouvel album, Ramona Badescu ne se départit ni de sa fantaisie, ni de son énergie. Ses histoires ont coutume d’emmener les enfants sur des chemins buissonniers, avec humour. C’est encore le cas avec Derrière la brume. L’histoire est accompagnée par l’habile dessin d’Amélie Jackowski, auquel les traces du crayon donnent mouvement et vie.

 

130606_couverture_Hres_0.jpgUn papa qui tarde à rentrer la maison, et la peur qui s’installe. Mais plus fort encore, le courage d’aller le retrouver, dans la forêt. Un papa qui rentre et qui ne trouve qu’une maison vide… Où es-tu ? est une belle histoire de lien qui grandit entre un père et son fils. Elle nous est racontée par Benoit Broyart, auteur et dessinateur, toujours en quête d’aventures artistiques (il planche en ce moment sur un projet de roman graphique autour d’Antonin Artaud). Elle est illustrée par Violaine Leroy, qui, comme Delphine Perret et Amélie Jackowski, est une ancienne des Arts Déco de Strasbourg. Et qui, comme Delphine Perret et Amélie Jackowski, affirme un style illustratif personnel et original, caractérisé par la technique de la risographie, une façon d’imprimer se situant entre la sérigraphie et la photocopie et permettant d’obtenir des superpositions, des transparences et d’efficaces imperfections.

 

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 » C’est par où, loin, très loin ?, demande Martin. Parce que c’est par là que je vais. » Fatigué que sa maman ne réponde pas à ses questions, Martin décide de quitter la maison. Tout départ est la possibilité de rencontres. Un chat, un cheval et un moineau seront des compagnons de voyage jusqu’à ce qu’ils établissent domicile à l’endroit même où Martin situe loin, très loin. L’euphorie des débuts laisse vite place à des désaccords… Publié pour la première fois en 1957 (avant Max et les Maxi-Monstres), ce Maurice Sendak a été traduit par l’écrivain Françoise Morvan pour les éditions MeMo.

 

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« Un trou, c’est quand tu marches dedans, et hop, tu t’enfonces ». « La purée, c’est pour être repu ».  » Un coquillage, c’est pour entendre la mer ». Ce recueil de définitions a été publié en 1952. Ruth Krauss et Maurice Sendak ont travaillé ensemble étroitement, se retrouvant régulièrement dans le Connecticut. Maurice Sendak prit le parti d’illustrer les phrases récoltées par de Ruth Krauss d’une manière « old-fashioned », dont le charme a résisté aux années. Grâce au succès des ventes, Maurice Sendak racontera plus tard qu’il put enfin quitter le domicile de ses parents et prendre location d’un appartement à Manhattan. Une fois encore, les éditions MeMo ont confié la traduction à Françoise Morvan, qui, dans un article du 11 septembre, partage son goût pour ce petit album.