Féroce, Jean-François Chabas et David Sala – Ed. Casterman – 16,50€
» Quand Fenris naquit, il n’était, comme tous les louveteaux, qu’une petite de poils gluante, que sa mère lécha afin de la nettoyer. Mais dès qu’il écarquilla les yeux et qu’il ouvrit la bouche pour bâiller, il eut l’air tout à fait sanguinaire, épouvantable et cruel… »
Est-ce parce qu’il eut l’air que Fenris devint Féroce ? » Pour peu qu’on soit d’un fragile caractère, on grandit en imaginant qu’on est ce que les autres nous renvoient. Les sentences nous sculptent. » L’aimer ? Impossible. On le rejette. Féroce le loup rouge quitte la meute, banni par les siens. La nature elle-même semble le chasser. Il rôde dans la forêt de sapins. Seul.
Lorsqu’elle le rencontre, la petite fille pose sur lui un regard sans préjugés, sans crainte, allant jusqu’à le taquiner. « Ah on est timide ! On s’effarouche facilement ! « De quoi désarçonner un loup qui se croit cruel et brutal. L’enfant ne s’intéresse qu’aux « bons côtés » de l’animal. Le loup se laisse approcher…
Féroce se joue à quatre mains. Jean-François Chabas raconte une histoire sensible portée par un texte fort et dense. Ses mots ont inspiré David Sala avec lequel il a coutume de composer (La colère de Banshee, Le coffre enchanté, Le bonheur prisonnier). David Sala déploie quant à lui ses talents de peintre et d’illustrateur soucieux d’envelopper le récit sans se perdre dans d’inutiles redondances. Chaque dessin est un tableau en soi, donnant à voir plus loin. Les pages se font face, l’ornementation et la couleur d’un côté, l’embossage discret autour du texte de l’autre côté. L’histoire du loup résonne dans cette façon d’agencer l’album. Féroce est un album marquant que nous voulions vous recommander depuis son arrivée à la librairie.
