Si vous êtes un enfant ou, qu’en vous, il sommeille encore, plus jamais vous ne regarderez le portemanteau comme avant. Bonsoir Portemanteau, d’Aurélie Guillerey, aura libéré votre imagination. Les éditions JBZ ont donné carte blanche à l’auteur, rennaise d’adoption. Nous avons la chance de voisiner avec elle, nous avons fait nos curieux dans son atelier sous les toits.
Bonsoir portemanteau, par Aurélie Guillerey – Ed. JbZ – Prix 12,50€
Objets inanimés, avez-vous une âme ? Dans la salle, une voix s’élève. Oui, oui, répond le portemanteau ! Authentique.
Le jour où le portemanteau…
La journée est finie. Les habitants de la maison sont de retour. Arrivées successives, chacun son style, chaque âge sa façon particulière de se défaire de ses habits ou de ses accessoires.
Spectateur privilégié de ce manège et de ces petits rituels, le portemanteau. Assigné à résidence, il ne pipe mot. Tandis que tous s’allègent – qui de son chapeau, qui de ses bottes, qui de son manteau ou de son parapluie ou de sa malette, le porte-manteau ronge son frein. Le porte-manteau a-t-il trop enduré ? Un coup de blues ? Un rendez-vous amoureux ? Un cours de natation ? Brusquement, en deux tours de cuillère à pot, le voilà qui prend ses cliques et ses claques et qui décampe !
Moins est plus
Aérée, chaque scène occupe une double page. Les attitudes des personnages sont expressives et on reconnait le trait fin et léger d’Aurélie Guillerey. Elle développe en outre son goût pour le noir, éclairé par des couleurs soutenues, profondes, acidulées. Sans totalement délaisser ses gouaches et pinceaux, Aurélie Guillerey nous confie qu’elle utilise de plus en plus son ordinateur. Contre toute attente, elle déclare que l’outil lui a permis de « progresser en dessin ». Mais enfin, interrogeons-nous, comment est-ce possible ? « J’affine les traits, je sélectionne de plus en plus les couleurs, j’épure, je vais à l’essentiel, comme le faisait Nathalie Parain« . Selon le principe du « less is more » ainsi que le préconisait l’architecte Mies von der Rohe : moins est plus.
Le rythme et la récurrence des images rappelle le célèbre Bonsoir Lune de Margaret Wise Brown. Mais ici, pas de texte. Un album sans paroles. Comme Aurélie Guillerey l’avait imaginé, dès le début. Dès ce jour où l’idée a surgi. Avant même qu’Elisabeth Brami ne la contacte…
Carte blanche
Elisabeth Brami a repéré le travail qu’Aurélie Guillerey réalise pour Très Tôt Théâtre et le festival Théâtre à Tout âge. Depuis quelques années, en coopération avec Vincent Menu, Aurélie Guillerey compose les visuels du théâtre quimpérois et de son festival annuel. Les Finistériens ont ainsi le privilège de compulser des programmes où l’illustration a une place privilégiée. Un parti pris.
Séduite, Elisabeth Brami passe commande d’un album pour JBZ, la nouvelle maison d’édition créée par Jacques Binzstock, figure de l’édition jeunesse. Aurélie Guillerey a carte blanche. Elle en sera l’illustratrice mais aussi l’auteur. Et cela en toute liberté. Le projet répond à une envie profonde. Aurélie Guillerey reprend le fil de son idée. Elle scénarise l’histoire du portemanteau. Dessine, choisit les couleurs. Organise les planches. Imagine sa maquette. L’album est édité en novembre 2010.
Rafraîchissant, Bonsoir Portemanteau est un petit conte malin et facétieux. Qui chatouille notre disposition à regarder les objets autrement. Un portemanteau, par exemple. Ce soir, lorsque vous rentrerez, pensez-y…
*Merci mille fois à Aurélie Guillerey d’avoir partagé un moment avec nous.
Portrait d’Aurélie Guillerey, par Marguerite
Dans l’atelier
Les affiches du festival Théâtre à Tout Âge
> Aurélie Guillerey en images sur Flickr – Sa bibliographie sur Ricochet
> Pour tout savoir sur l’auteur, lire cet article exhaustif paru en juillet 2009